Mon mois "au vert"
S'il est un point positif à retirer de mon mois « au vert », c'est bien le temps. Du temps cérébral, j'entends, la météo ayant été catastrophique. La cervelle non accaparée par internet, entre autre, j'ai redécouvert les vertus de l'ennui. Non pas l'ennui de ma jeunesse, lorsque nul jeu ne trouvait grâce à mes yeux, mais une forme de sérénité, la tête débarrassée d'un bon paquet de questionnements peu pertinents (Google ou Yahoo pour cette recherche ?). J'ai pourtant travaillé (je trouve habituellement le travail propice aux questionnements peu pertinents). Le dur labeur d'aide-soignant en maison de retraite. Les mains dans la merde et la pisse quoi... Le paradis d'improbables uro-copro-gérontophiles quoi...N'ayant malheureusement pas cette perversion, je n'ai pris qu'un plaisir modéré lors de cette mission. Heureusement que, comme presque partout, l'équipe soignante était adorable. Cela rend la tâche presque agréable...
Bref, du temps cérébral je disais... Pour quoi faire ? Je ne réfléchis déjà pas assez habituellement ?
Premier point : le vert, l'absence de voitures à gogo, d'internet et tout ça, ça met dans de drôles de bonnes conditions pour réfléchir !
Second point : ce type de travail avec des personnes âgées dépendantes, favorise, de son côté (surtout que ça faisait un bail que je n'avais pas fait de maison de retraite), la cogitation sur le sens de la vie, la nature humaine, le tube digestif et tutti quanti...
Troisième point : à part durant les heures de taf, peu de communication avec des alter ego Homo sapiens ça favorise itou l'introspection...
Après vous avoir seriné comment c'est bien de toiletter des vieux dépendants dans un trou paumé, sans voir grand monde et sans internet (arggggg ! Sans internet !), vous voudrez peut-être lire quelques une des réflexions qui me sont passées par la tête ? Héhé, allons-y. C'est un peu décousu et ça ne va pas chercher bien loin :
« Notes pour moi-même »
- Me suicider si on m'annonce un alzheimer (c'est pas une grande nouvelle)
- Penser à mourir à 70 ans en bonne santé plutôt qu'à 95 en agonisant pendant 25 ans. Je ne vois pas l'intérêt de « vivre » comme un légume pendant 20 ans, à savoir : être capable de ne rien faire seul, sauf mâcher (et encore, le bavoir à de beaux jours devant lui...), respirer (laborieusement) et déféquer (enfin... ça sort tout seul...). Occupons-nous du mieux possible de ces personnes, c'est évident, mais, de grâce, si je suis dans cet état un jour, abattez-moi. Mon cœur de 28 ans vous remerciera.
- Essayer de vivre encore jusqu'à 90 ans, en étant capable d'écouter de la musique (Mozart si possible), de lire et d'avoir une conversation intéressante (il n'y a pas que des cas désespérés en maison de retraite, c'est heureux).
« Note de nature générale »
Pour reprendre une idée de Loup Blanc (je ne sais pas si il a déposé le brevet...) qui me plait bien, et a laquelle j'ai pas mal cogité, j'imagine le plan matériel comme une surface horizontale. Cette base est régie par les lois de la nature, fonctionne de manière parfaitement rationnelle. Le matérialisme pur et dur. Notre monde d'atomes, de quarks, gluons et autres joyeusetés. Ce que je nomme la Réalité. En nous élevant un peu au dessus de cette base, nous accédons à la Spiritualité, au monde des idées, des concepts, de la morale, de la philosophie. Ce que je nomme le domaine de la Vérité. Domaine ou la sus-nommée Vérité est personnelle, propre à chacun, et ne correspond plus forcément à la Réalité, puisque dans ce monde spirituel, rien n'est matériel, tout est idée.
Ce monde spirituel n'est pas forcément théiste, ni déiste d'ailleurs. S'il me plait, à moi, l'« agnostique déiste », de placer au sommet de la pyramide un « dieu » naturel, une loi fondamentale de l'univers d'où découle tout le reste, j'ai le droit, non ? C'est ma Vérité, je ne l'impose à personne, non plus que je ne tolèrerai que quiconque ne m'impose la sienne (de Vérité). Non mais !
Dès lors que l'on passe du plan horizontal au plan vertical (du matérialisme au spirituel, pour ceux qui baillent), la tolérance s'impose. Je crois que celle-ci ne peut exister sur le plan matériel, car tout le monde vit dans celui-ci, dans la Réalité. Nous devrions tous en avoir la même perception (1 + 1 = 2 en base décimale, le carbone a le numéro atomique 6 et j'en passe...). Où j'en arrive à l'hypothèse que la tolérance est le fruit de la Sagesse, non de l'Intelligence (j'adore sauter du coq à l'âne). Pourquoi ? A mon sens, c'est l'Intelligence qui régit le monde matériel. Elle est nécessaire pour l'appréhender (logique, repérage temporo-spatial et tout ça...). La Sagesse est tout autre... Je crois que c'est elle qui guide nos pas dans le monde spirituel. Un ordinateur, pur concentré de logique, est capable de percevoir le monde matériel grâce à son « Intelligence artificielle », sa logique, ses capteurs... Mais allez lui expliquer Socrate, il sera perdu le pauvre.
Deux qualités, donc : Sagesse pour le Spirituel, Intelligence pour le Matériel. PAN ! On tombe droit dans un de mes travers : ça semble bien réducteur tout ça... A tout vouloir mettre dans des petites boites, bien rangées dans ma tête, pour mieux appréhender ces concepts...
Mes idées évolueront certainement, mais, aujourd'hui, c'est Ma Vérité. Libre à chacun d'être, ou non, d'accord avec moi. Essayez plutôt de ne pas être d'accord, qu'on en discute un brin ;-)