Offenbach : "La Belle Hélène", théâtre Graslin de Nantes, le 28-11-2008

Publié le par Etarcos

Cet article a fait de la peine à des artistes. J'en suis désolé, ce n'était pas le but, évidemment (ceux qui me connaissent un tant soit peu le savent). Je le redis : je n'ai nulle prétention de "critique". J'ai beaucoup de respect pour la profession de chanteur(euse) lyrique, et c'est sans doute ma méconnaissance de la scène qui m'a fait porter une critique aussi dure sur certains artistes.

Mais, il y a un mais, je n'enlèverai pas cet article comme on me l'a demandé. J'estime avoir le droit d'écrire un mauvais article sans me faire censurer, ni, pire, de m'auto-censurer. J'assume. Je culpabilise un peu mais j'assume. Je doute affreusement du bien-fondé de cette critique, avec le recul, mais j'assume...

(Petite concession de ma part, ce post apparaissant assez tôt sur Google en tapant le nom des artistes (incroyable), j'efface le nom des artistes dont la critique est négative, pour ne pas leur nuire - même si je doute fortement que mon avis ai une quelconque importance...)

 

Beaucoup de choses à dire de cette production de la Belle Hélène. Du très bon, du bon, du moins bon, et du franchement pas bon. Je vais commencer par le très bon.

Un seul mot : Hélène. Magnifiquement interprétée par Stéphanie d'Oustrac. N'étant pas musicologue, du tout, j'aurai du mal à définir sa voix, à faire une critique approfondie de sa prestation (n'est pas Ariana qui veut), mais elle m'a vraiment enchanté. Une voix qui m'a beaucoup touché, un jeu impeccable, et un physique à l'avenant... Hélène n'était curieusement pas le rôle que je préfèrais dans cet opéra-bouffe, elle m'a fait changer d'avis. Sa prestation n'a rien à envier à celles de Jessy Norman ou de Felicity Loth Je suis amoureux...

Le bon, ensuite. La mise en scène (production  de l'Opéra National du Rhin, créée à Strasbourg en 2006) est vraiment étonnante. Ambiance film des années 30 (environ, j'ai déjà dit que je n'étais pas cinéphile...). Beaucoup d'effets spéciaux, très jolis, mais avec l'inconvénient de parfois distraire un peu de la musique. Mais ils donnent une ambiance très sympatique, renforçant souvent le comique de l'oeuvre. Au niveau des chanteurs, Pâris (Sébastien Droy) était bien, voix bien placée (malgré un couac dans le final du troisième acte, pas mal rattrapé, d'ailleurs, en continuant l'air un petit ton au-dessus... ça m'a fait bizarre tout de même), assez roublard, enfin bien quoi. Eclipsé malgré tout dans le deuxième acte, lors du duo avec Hélène... Phénoménale cette Stéphanie d'Oustrac, elle occulte tous les autres, c'est un peu dommage. Agamemnon (François Harismendy) était bien aussi, bien charismatique, avec un bon gros baryton tirant un peu sur le basse, comme j'aime. Trio patriotique très réussi, au passage, en grande partie grâce à lui.

Je vais attaquer les choses qui fâchent un peu : le choeur, tout d'abord. C'était le choeur d'Angers-Nantes Opéra. Ils devaient être un peu fatigués ce soir, car pas franchement dans le rythme parfois ! Incroyable pour une telle production. De bons moments, mais des fois à coté de la plaque. Bizarre... Du coup, l'orchestre obligé de ralentir pour recaler tout ça... ça fait pas très pro ! Au rayon des déceptions également : un Calchas transparent (sauf dans le trio patriotique, très réussi comme je l'ai déjà dit), un Ménélas (Steven Cole) avec un accent américain (pas trop grave en soi) et des intonations parfois surprenantes (bon, pourquoi pas, Ménélas doit être un peu ridicule...). Aux abonnés absents : un Achille anémique et des Ajax pas mieux fournis en hémoglobine. Mais bon, ils interviennent peu, c'est moins gênant.

J'en arrive au franchement pas bon. Par élimination, vous l'aurez deviné, c'est Oreste. L'interprète devait être très fatiguée, ou malade, ou je ne sais quoi. Vraiment pas un bon Oreste en tout cas. Elle sais chanter, mais pas assez fort (j'étais pourtant placé en orchestre...), trop haut (c'est censé être une mezzo...), et pas franchement dans le rythme. Snif. Moi qui adore l'air du "Cabaret du labyrinthe", j'en ai été pour mes frais... ce fût de loin le passage le plus raté.

Mention spéciale, enfin, et pour finir sur une bonne chose, à Christine Craipeau, qui interprétait Bacchis, la servante d'Hélène. Elle intervient très peu (une seule fois dans le deuxième acte, sinon dans le choeur), mais elle a été très convaincante.


Bilan mitigé au final. J'ai passé un très bon moment, c'est le principal. Une mise en scène originale et très drôle (les dialogues ont été beaucoup modifiés, cela fait bizarre, mais ils n'ont pas touché au récitatif, heureusement !), mais des chanteurs pas tous à la hauteur. L'orchestre s'en est bien tiré, nonobstant les erreurs de rythme du choeur. En conclusion : un chouette spectacle pour se détendre, mais une déception pour les mélomanes présents dans la salle. Excepté pour Hélène : parfaite... tout simplement.

Publié dans Musiques

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A
Bonsoir Etarcos,<br /> <br /> Je me permets une très légère intervention "après la bataille" puisque je la découvre à l'instant.<br /> Au passage je découvre à nouveau une gentillesse à mon égard partagée par Antiochus et vous en remercie chaleureusement tous les deux.<br /> <br /> Cette intervention n'est absolument pas dirigée pour ou contre qui que ce soit mais a pour but de vous indiquer quelques clés à même de vous aider, un petit coup de pouce virtuel en quelque sorte :), pour cesser de culpabiliser à outrance suite à ce qui visiblement a dû être vécu par certains artistes comme un "impair" et par vous comme une source de contrition.<br /> <br /> Je ne relèverai aucunement les propos de Prune, non pas parce que cela ne me concerne pas, car après tout lorsque l'on intervient publiquement sur blog, il faut s'attendre un tant soit peu à quelques retours, mais plutôt parce que je trouve dommage que la violence de cette réaction, qu'elle fût justifiée ou non n'étant pas le propos, puisse vous museler, ce qui semble être le vécu que vous en retirez.<br /> Surtout ne soyez pas bloqué suite à cet incident mais servez-vous en pour travailler sur vous-même, ce qui me semble doit faire partie de votre quotidien si j'en crois vos accointances avec Antiochus. Du reste qui peut prétendre sérieusement ne pas avoir à travailler sur lui-même en permanence? :)<br /> <br /> Concernant ce différend donc, personnellement, j'ai pour règle de ne pas me considérer comme une "critique" (Dieu merci!), et d'ailleurs il suffit de me lire pour le savoir. <br /> J'analyse, à ma mesure certes, comme tout à chacun, et tends davantage à un rendu global de mon "vécu" d'une représentation, ce que je pense après vous avoir lu, que vous tendez à faire aussi.<br /> C'est important de ne pas se mettre au rang qu'un critique au même titre que les journalistes professionnels, croyez-moi, car eux sont souvent mal intentionnés. Voici donc une première précaution lorsque l'on sait que l'on va citer des gens et exprimer ce que l'on a reçu d'eux en partage dans le bon comme le moins bon : dire que c'est un compte-rendu, ce qui confère de fait une légitimité à être personnel.<br /> Ma seconde règle tout autant importante que la première, et je la tiens en partie d'un véritable très bon critique lyrique des années 70, engeance aussi rare qu'impossible a priori :), est que lorsque c'est "mauvais" musicalement, je me contente de ne pas en parler ou que par ellipse. Ce journaliste disait que le silence en l'occurrence était bien plus éloquent et qu'il n'éprouvait aucune nécessité comme la majorité de ses confrères à commettre des écrits incendiaires et par conséquent s'en démarquait ainsi, ce que ses lecteurs du reste avaient fort bien compris.<br /> Attention, je ne suis absolument pas en train de vous dire que vous avez écrit un article dommageable et incendiaire! Je ne fais que vous expliquer en quoi j'adhère à la position de ce critique. <br /> Vous concernant, nous sommes loin de toute manière d'être dans ce registre calamiteux de l'article injurieux. Vous êtes bien dans le compte-rendu et le ressenti personnel, ce qui, en effet, est votre droit le plus légitime.<br /> Après il s'agissait peut-être, puisque je ne lis que la version édulcorée :), davantage d'une question de forme que de fond?<br /> <br /> Donc, disais-je, lorsque j'écris suite à une représentation sur scène, je mets davantage en avant ce qui était bon, développe le comment du pourquoi et passe rapidement sur les autres s'ils ne l'étaient pas.<br /> Cela parce que certes pour paraphraser Prune, j'ai une petite idée de ce que c'est que d'être sur scène, mais aussi tout simplement par respect fondamental d'autrui mais surtout de moi-même (eh oui je n'ai rien d'une sainte débonnaire :D).<br /> <br /> Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de vous dire que je ne dis jamais "je n'aime pas ceci ou cela", mais je le tourne d'une certaine façon et généralement, il faut reconnaître que je m'attèle davantage eu égard aux nécessités de la vie parisienne aux metteurs en scène que j’aligne en bonne et due forme s'il le faut et leurs lubies diverses et variées ainsi que très éventuellement au Chef d'Orchestre le cas échéant (mais c'est heureusement rare) qu'aux interprètes eux-mêmes.<br /> <br /> Je ne sais pas si ces mots peuvent vous aider, en tout cas c'est là leur objectif. <br /> Ecrire la vérité mais en passant certains détails ou bien les contournant pour préserver le mésusage que certains pourraient en faire.<br /> <br /> Enfin, je dois tout de même préciser que je suis bien plus exigeante au disque, ce qui est naturel qu'au théâtre où, vous l'avez très bien ressenti vous-même, ce qui importe est la vie et la magie du moment qui, en soi de toute manière, ne peut jamais être parfait en tous points, ce à quoi, ajouterai-je, c'est tant mieux car c'est que la musique vit!<br /> <br /> Enfin, ne vous auto-censurez aucunement, ce serait dommage!<br /> Passez à la suite.. :)<br /> <br /> D'ailleurs voyez, grâce à vous, je vais me mettre en quête de découvrir cette belle et engageante Stéphanie d'Oustrac, parce que ce que vous en posez donne vraiment envie! C'est bien ce que je retiens de votre billet personnellement..<br /> Puis depuis tout à l'heure que j'ai lu le tout je tente de me souvenir dans quel rôle j'ai entendu Steven Cole! Ca ne me revient pas pour le moment, mais il me semble que c'était plutôt bien..<br /> <br /> A bientôt et bien cordialement.
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E
<br /> Merci pour cette intervention plus qu'intéressante Ariana. J'en tiendrai compte pour mes futures "critiques". Amicalement,<br /> <br /> <br />
N
Dommage que certaine personne t'ait freiné dans tes écrits sur ce blog...<br /> <br /> Je trouvais qu'ils étaient pertinents et très intéressants.<br /> <br /> J'ai l'impression que Prune t'a culpabilisé au point de te bloquer... J'espère que tu vas te remettre très bientôt de ses remarques pour nous permettre de nous régaler de tes interventions...<br /> <br /> A très bientôt j'espère...
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E
<br /> J'ai pu discuter un peu avec Prune par e-mail, nous sommes réconciliés :-)<br /> <br /> <br />
I
Trazom :<br /> Tu n'attaques pas la personne , tu donne ton sentiment sur son travail . Toute personne qui oeuvre dans quelque domaine que ce soit doit être ouverte à l'expression respectueuse (et la tienne l'était tout à fait ) de l'écho que peut provoquer ce travail chez l'autre.Ou bien s'enfermer chez soi face à son seul propre regard en espérant qu'il sera bienveillant....<br /> <br /> Je partage entièrement l'avis de Stéphane.<br /> Ps: Trazom, où peut-on t'écrire par mail ?
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E
<br /> Merici également du soutien Isis.<br /> Je t'ai envoyé un mail, tu auras donc mon adresse :-)<br /> <br /> <br />
S
Salut Etarcos,<br /> Tu n'as pas à culpabiliser : ton artcle, même dans sa forme originelle n'éavait absolument rien de méchant. Et l'argument "comme c'est beaucoup de travail, on ne peut pas en faire une critique négative" est tout simplement stupide. J'ai dit ! ;-)
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E
<br /> Merci du soutien Stéphane :-)<br /> <br /> <br />
T
J'en remets une couche, je voulais juste réagir à ton message en rouge. Tu n'as pas à culpabiliser, comme je l'ai dit au dessus un artiste de scène qui n'est pas capable de passer outre une critique (surtout si il estime que celui qui l'émet ne s'y connait pas assez) devrait se poser des questions sur sa relation avec l'image qu'il a de lui même. Même en supposant que tu sois trop novice pour émettre une critique pertinente cela doit-il t'empêcher d'avoir un avis, l'opéra est-il réservé à une élite? Faut-il avoir fait la preuve d'un niveau de connaissance suffisant (et qui se propose de juger de ça?) pour avoir le droit d'ouvrir sa bouche? Après on retrouvera les mêmes personnes se plaindre qu'on ne parle pas assez des arts lyriques... Tu peux te planter dans ton analyse ou avoir raison mais cela n'a rien à voir avec ton droit à parler de ce que tu as vu ou ressenti. D'ailleurs si on pend les deux hypothèses:<br /> <br /> - si tu es qualifié alors cela voudrait dire que ces artistes sont réellement passés à côté, à eux d'en prendre acte et de travailler dessus.<br /> - si tu n'es pas qualifié alors cela n'a pas de portée et ils peuvent continuer sans se préoccuper de tes critiques.<br /> <br /> Dans les deux cas il n'y a pas matière à polémiquer, culpabiliser ou censurer.
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E
<br /> <br /> Bein, en fait je culpabilise un peu car j'ai horreur de faire de la peine aux gens...<br /> <br /> <br /> Sur le fond de ce que tu dis, j'allais faire un post sur le droit à la critique, mais tu m'enlèves les mots de la bouche... pas de post, du coup :-p<br /> <br /> <br /> <br />