Pourquoi je suis abstentionniste
Au risque de vous choquer - et j'imagine déjà certains commentaires peu élogieux - je le confesse publiquement, bien qu'anonymement : je suis abstentionniste. Le but de ce papier n'est absolument pas de faire de la propagande abstentionniste, seulement de vous expliquer les raisons pour lesquelles j'agis ainsi.
Je me sens tout-à-fait concerné par la vie politique de mon pays / ma ville. Ce n'est donc pas par manque d'intérêt de ma part. Non, mes raisons ont des racines plus profondes. Il fut un temps, pas si lointain, où j'étais anarchiste militant. J'étais à l'époque, et j'ai malheureusement des restes parfois, convaincu d'avoir raison sur tout. Il m'était insupportable de constater que tout le monde ne pensait pas comme moi. Grâce à une certaine personne, j'ai pu me remettre en question. Je suis aujourd'hui extrêmement heureux que tout le monde ne pense pas à ma façon, j'apprends beaucoup plus de choses ainsi, et mes relations avec autrui sont bien plus cordiales.
J'en viens au fait : je ne me considère plus vraiment comme anarchiste à l'heure actuelle – j'ai de plus en plus les étiquettes, souvent simplistes, en horreur - bien que j'ai toujours ce fond libertaire. Mes raisons de ne pas voter n'ont presque pas changées.
Je suis bien sûr favorable au droit de vote... La première raison pour laquelle je ne l'exerce pas est que je ne me reconnais dans aucun candidat, tout simplement. Et c'est peut-être la meilleure des raisons du monde. Mon seul pouvoir concret, dans cette démocratie représentative, est mon bulletin. La personne à qui je donne ma voix est ensuite censée me représenter. Comment puis-je déléguer ainsi mon peu de pouvoir pour un candidat dans lequel je ne me reconnais pas ?
L'autre raison est, qu'en France, les mandats ne sont pas révocables à tout instant, en cas de pétition populaire d'une proportion - à fixer - de la population. Ce qui signifie qu'un élu peut trahir son électorat et rester tout de même en place. Si je juge que mon représentant ne me représente plus, j'estime avoir le droit d'exiger l'annulation de son mandat. C'est ça, la véritable démocratie, à mon sens.
Où l'on pourrait m'objecter : « Pourquoi ne vote-tu pas blanc, dans ce cas ? ». Mais tout bonnement parce que le vote blanc n'est pas vraiment reconnu en France. Le jour où les pourcentages officiels apparaîtront avec le pourcentage de vote blanc, je voterai, promis ! Pas avant. J'aimerai tant voir ce genre de résultats (chiffres arbitraires pour arriver à 50%) :
vote blanc : 50%
centre : 15%
gauche : 15%
droite : 15%
extrême-gauche 3%
extrême-droite : 2%
Cette démocratie n'en est pour moi pas vraiment une, tant que ces trois principes ne seront pas appliqués, tout du moins.
Je finirais par une citation de Léo Campion : « je n'ai pas à me désigner des maîtres ; il me suffit amplement de les subir » ;-p
Dernière précision : par pitié, en cas de commentaire, pas de poncif sophistique du genre : « Estime-toi heureux de vivre en France, il y a des pays où ils n'ont pas le droit de vote ! ». Je suis conscient d'avoir la chance de vivre dans un pays où j'ai le droit d'écrire ceci. Je parle ici de la France. Je parle de ce qui est améliorable, pas de ce qui est pire (J'imagine mal le lectorat habituel de ce blog faire un tel commentaire. C'est juste au cas où un philistin serait de passage...).