Léo Campion (1905-1992) par Léo Campion
"Toute ma vie j'ai écrit et dessiné peu ou prou. Je suis l'auteur de trois recueils de caricatures, quatre recueils de poèmes, une bonne vingtaine de livres et brochures, d'aucuns avec illustrations de l'auteur. J'ai même eu trois prix littéraires. C'est dire le mérite que j'ai à rester simple. Et modeste. Modestie d'ailleurs totalement injustifiée. Mais on ne se refait pas.
Je ne me prends pas toutefois pour un écrivain. Un écrivain vit de sa plume. Je ne suis qu'un amateur, un écrivassier. Par contre je me prends pour un dessinateur tout intermittent que ce soit devenu, car j'ai longtemps vécu de mon crayon. Même s'il est devenu un violon d'Ingres. Et un crayon qui devient un violon est un exemple assez rare de génération spontanée. On n'arrête pas le progrès.
Je n'ai jamais rien sollicité. Ce n'est pas dans mon tempérament. Cela ne m'a pas empêché de réussir ma vie. Franc-maçon, je suis 33ème et fus illustre Commandeur du Consistoire d'Ile-de-France. Pataphysicien, je suis régent du Collège de Pataphysique, président de la Sous-Commission des Formes et des Grâces du Cymbalum Pataphysicum et Grand Fécial Consort de l'Ordre de la Grande Gidouille.
Rétrophysionomoniste, je suis Agrégé de Rétriophysiognonomie de la Faculté de Pygologie de Paris et Correspondant du Pygological Institute of London.
Oenophile, je suis membre d'honneur de la société des Amis des Vins de France, j'ai été intronisé Sacavin d'Anjou, Compagnon du Beaujolais, Echanson de Paris, Chevalier toulousain de la Tétine Sublime, Compagnon Vigneron de Joachim de Bellay et je suis Parrain du Viré de Maconnais. La Salle Humide du Temple d'Olonne-sur-Mer porte mon nom.
Je suis en outre Chauve d'honneur de la Confrérie nationale des Chauves et Membre d'honneur des Amis de Mannekenpis.
Mais, obsédé sexuel, j'espère n'être jamais obsédé honoraire.
Sachez encore que je porte une barbe très au-dessus de mes moyens, que je suis néo-malthusien, autodidacte, individualiste, circoncis et agnostique. Que je suis un crétin musical (comme Victor Hugo), avec toutefois un faible pour le french cancan et les cornemuses. Que je suis plus sensible à la sculpture qu'à la peinture. Que je cultive des cactus. Que l'anthurium est ma fleur préférée. Que je n'ai jamais été voté, par principe (je n'ai pas à me désigner des maîtres ; il me suffit amplement de les subir).
Sachez enfin que ma taille est d'un mètre-octante, que je mesure un mètre-nonante d'envergure, soixante centimètres de tour de tête (j'ai la grosse tête, mais c'est plein d'eau), que ma pointure est du quarante-quatre (je vis sur un grand pied), que je pèse une nonantaine de kilos, que j'ai toutes mes dents, les seins très fermes pour mon âge et une fossette sur la fesse droite.
Je vous en souhaite autant et vous donne rendez-vous... pour mon centenaire..."
Source : le site de La Confrérie des Chevaliers du Taste-Fesses, créée par Léo Campion.